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.L’aider à mourir ? Je posai ma joue sur sa main.Retourner à la Présence en traînant le vain fardeau de nos années futures comme un boulet à nos pieds ? Car si elle mourait, je mourrais aussi.J’ouvris brusquement les yeux et regardai fixement sa main.Quelle Présence ? Quelle était la morale, quelle était la tradition qui s’étaient emparées de mon esprit ?Il fallait que je prenne une décision.Je persuadai Bethie d’avaler un somnifère et je restai à la veiller quand elle se fut endormie.Je revoyais tout le passé.Ce que cela avait dû être pour elle.Sans que je le sache.Je la réveillai juste avant le jour.Nous fîmes nos paquets et nous partîmes.J’avais laissé un mot pour le Dr Dueff sur la table de la cuisine.Je lui disais seulement que nous allions chercher le moyen de guérir Bethie et le priai de demander à Reena de s’occuper de la maison.Avec tous mes remerciements.Arrivé à l’embranchement de la route, je ralentis et freinai.– Bon, soupirai-je.Cette fois, à toi de décider.Quelle direction prendre ? À moins qu’on joue à pile ou face ? Pile, on monte et face, on descend ! Je ne sais pas où aller, Bethie.Je ne dispose pour m’orienter que de la vision fugitive que Mère m’a communiquée.Il y a trente-six mille canyons et trente-six mille petites routes de campagne.Nous avons été stupides de quitter Socorro.Pour nous guider, nous ne disposons que de ce que Mère nous a dit, et peut-être qu’elle délirait.– Non, murmura Bethie.Ce n’est pas possible.Je posai avec lassitude ma tête sur le volant.– Tu sais à quel point je souhaite que ce soit vrai, et pas seulement pour toi – pour moi aussi.Mais réfléchis.Quelles indications avons-nous qui nous permettent de croire à la véracité des dires de Mère ? Primo, nous devons admettre qu’il est possible de voyager dans l’espace – que c’était possible il y a près de cinquante ans.Secundo, que Mère et son Peuple étaient originaires d’une autre planète.Tertio, que nous sommes des bâtards pour parler crûment, le produit d’un croisement entre la Terre et Dieu sait quel autre monde.Quarto, que nous avons une chance sur dix millions de retrouver ceux du Peuple qui sont arrivés en même temps que Mère, à supposer qu’il y ait eu des survivants.Soutenir une seule de ces hypothèses suffirait pour que n’importe quelle personne sensée nous considère comme des timbrés bons pour le cabanon.Non, nous fantasmons de façon extravagante à partir d’un rêve et d’un espoir.Retournons à la maison, Bethie.Nous avons juste de quoi acheter assez d’essence pour rentrer.Il vaut mieux renoncer.– Rentrer pour retrouver quoi ? riposta-t-elle en pinçant les lèvres.Non, Peter.Regarde.Elle me tendait une de ses arabesques de soleil, une poignée de lumière qui s’entortilla entre mes doigts avant que son éclat s’évanouisse.– Cela appartient-il à la Terre ? fit-elle doucement.Combien avons-nous d’amis capables de voler ? Combien y en a-t-il qui sont capables… (Elle hésita un bref instant)… de remémorer ?– De remémorer ! répétai-je d’une voix lente.(Je frappai le volant du poing).Ecoute ! De toutes les imbécillités… C’est l’histoire de Bub qui recommence !Je remis le moteur en marche et pris le premier soupçon de chemin après le carrefour.Puis, quittant même cet embryon de piste, je m’enfonçai en plein désert en direction d’un bouquet de mesquetes et d’épiniers en bordure d’un dépôt de sable alluvionnaire au pied des collines et nous nous installâmes pour bivouaquer derrière l’aléatoire dentelle d’ombre de cette maigre végétation sur laquelle tapait le soleil qui sombrait à l’ouest.Allongé sur le sable, je contemplai le ciel vide.Les arbustes créaient une marqueterie de chaleur et de fraîcheur – chaleur au soleil, fraîcheur à l’ombre – particulière au désert.Je laissai mon esprit devenir lisse et transparent jusqu’au moment où le souffle léger de Bethie y fît naître un lumineux friselis.Alors, je m’efforçai de me souvenir.Mais je ne me rappelais que Mère-et-papa, le petit feu que j’avais créé, Glib et sa patte prise dans les mâchoires du piège, Bethie roulée en boule sur le lit, la figure contre ses genoux, et le râle ténu et gémissant de sa respiration laborieuse.Face au ciel, je clignai des paupières.Il fallait que je me Remémore.Il le fallait.Je fermai les yeux et me concentrai jusqu’à la limite de l’épuisement.Rien, pas même l’ectoplasme d’un souvenir.En désespoir de cause, je me détendis.Mon corps était mou sur le sable froid.Presque instantanément, des rouages inusités s’engrenèrent, se mirent en place dans ma tête et, d’un seul coup, la carte grandeur nature se déploya à nouveau au-dessous de moi.J’identifiai péniblement – et ce fut lent – Socorro et le tracé presque imperceptible du Rio Gordo.Je le suivis, le perdis, le retrouvai.Je localisai ensuite la vallée de Vulcan Springs et longeai son ample courbe jusqu’au désert des plateaux, jusqu’à la Sierra Cobrena.Voir l’infime sillon correspondant à l’endroit où je me trouvais présentement, allongé sur le sol, était quelque chose d’étrange et de fantastique.Je projetai ma pensée tout autour de notre camp.Rien.J’essayai plus loin.Au nord, à l’est, encore au nord.Je respirai un grand coup et vidai mes poumons dans un souffle haché.Ça y était ! Cette sorte d’élancement… l’appel du Foyer.Le retour aux lieux familiers.Je décrivis l’endroit à Bethie.La cime dénudée de la haute montagne surmontant le tapis de forêt qui en couvrait les pentes, les énormes éboulis, les fumées paresseuses de ce qui devait être une ville aux maisons de rondins.Cela formait les trois côtés d’un triangle quelque part à l’intérieur duquel se trouvait… l’endroit.Quand je rouvris les yeux, je vis que Bethie était en larmes.– Mais qu’y a-t-il ? Qu’est-ce qui te prend ? N’es-tu pas heureuse de…Elle essaya de sourire mais ses lèvres tremblaient.Elle cacha son visage dans le creux de son coude et soupira :– Moi aussi, j’ai vu ! Oh ! Peter ! Cette fois, j’ai vu !Nous sortîmes la carte routière et, dans le jour pâlissant, nous tentâmes de traduire concrètement nos souvenirs.Pour autant que nous puissions en juger, il fallait nous diriger vers une ville située très à l’écart de la grande route.Elle s’appelait Kerry Canyon.C’était apparemment le seul centre de population au voisinage de la montagne pelée [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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