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.Cette commission internationale, réunie à Londres, décidaque tout d abord la mesure d un arc du méridien serait entre-prise dans l hémisphère austral.Cela fait, un nouvel arc du mé-ridien serait ensuite relevé dans l hémisphère boréal, et del ensemble de ces deux opérations, on espérait déduire une va- 35 leur rigoureuse qui satisferait à toutes les conditions du pro-gramme.Restait le choix à faire entre les diverses possessions an-glaises, situées dans l hémisphère austral, la colonie du Cap,l Australie, la Nouvelle-Zélande.La Nouvelle-Zélande etl Australie, placées aux antipodes de l Europe, obligeaient lacommission scientifique à faire un long voyage.D ailleurs, lesMaoris et les Australiens, toujours en guerre avec leurs envahis-seurs, pouvaient rendre fort difficile l opération projetée.Lacolonie du Cap, au contraire, offrait des avantages réels : 1° Elleétait située sous le même méridien que certaines portions de laRussie d Europe, et après avoir mesuré un arc de méridien dansl Afrique australe, on pourrait mesurer un second arc du mêmeméridien dans l empire du tzar, tout en tenant l opération se-crète ; 2° le voyage aux possessions anglaises de l Afrique aus-trale était relativement court ; 3° enfin, ces savants anglais etrusses trouveraient là une excellente occasion de contrôler lestravaux de l astronome français Lacaille, en opérant aux mêmeslieux que lui, et de vérifier s il avait eu raison de donner le chif-fre cinquante-sept mille trente-sept toises, pour la mesure d undegré du méridien au Cap de Bonne-Espérance.Il fut donc décidé que l opération géodésique serait prati-quée au Cap.Les deux gouvernements approuvèrent la décisionde la commission anglo-russe.Des crédits importants furentouverts.Tous les instruments nécessaires à une triangulationfurent fabriqués en double.L astronome William Emery fut in-vité à faire les préparatifs d une exploration dans l intérieur del Afrique australe.La frégate Augusta, de la marine royale, reçutl ordre de transporter à l embouchure du fleuve Orange, lesmembres de la commission et leur suite.Il convient aussi d ajouter qu à côté de la question scienti-fique, il y avait une question d amour-propre national qui exal-tait ces savants réunis dans une Suvre commune.Il s agissait, 36 en effet, de surpasser la France dans ses évaluations numéri-ques, de vaincre en précision les travaux de ses plus illustresastronomes, et cela au milieu d un pays sauvage et presque in-connu.Aussi les membres de la commission anglo-russeétaient-ils décidés à tout sacrifier, même leur vie, pour obtenirun résultat favorable à la science et en même temps glorieuxpour leur pays.Et voilà pourquoi, dans les derniers jours de janvier 1854,l astronome William Emery se trouvait aux chutes de Morgheda,sur les rives du fleuve Orange. 37 Chapitre VUne bourgade hottentote.Le voyage sur le cours supérieur du fleuve s accomplit ra-pidement.Le temps, cependant, ne tarda pas à devenir plu-vieux ; mais les passagers, confortablement installés dans lachambre de la chaloupe, n eurent aucunement à souffrir despluies torrentielles, très-communes pendant cette saison.LeQueen and Tzar filait rapidement.Il ne rencontrait ni rapides nihauts-fonds, et le courant n était pas assez fort pour ralentir samarche.Les rives de l Orange offraient toujours le même aspect en-chanteur.Les forêts d essences variées se succédaient sur sesbords, et tout un monde d oiseaux en habitait les cimes ver-doyantes.Çà et là se groupaient des arbres appartenant à la fa-mille des protéacées, et particulièrement des « wagenboom »,au bois rougeâtre et marbré, qui produisaient un effet bizarreavec leurs feuilles d un bleu intense et leurs larges fleurs jaune-pâle ; puis aussi des « zwarte-bast », arbres à écorce noire, des« karrees » au feuillage sombre et persistant.Quelques tailliss étendaient à la distance de plusieurs milles au delà des rivesdu fleuve, en tout endroit ombragées de saules-pleureurs.Çà etlà, de vastes terrains découverts se montraient inopinément.C étaient de grandes plaines, couvertes d innombrables colo-quintes, et coupées de « buissons à sucre, » formés de protéesmellifères, d où s échappaient des bandes de petits oiseaux audoux chant, que les colons du Cap nomment « suiker-vogels.»Le monde volatile offrait des échantillons très-variés.Lebushman les faisait remarquer à sir John Murray, grand ama- 38 teur du gibier de poil et de plume.Aussi une sorte d intimités établit-elle entre le chasseur anglais et Mokoum, auquel sonnoble compagnon, accomplissant la promesse du colonel Eve-rest, avait fait présent d un excellent rifle, du système Pauly, àlongue portée.Inutile de peindre la satisfaction du bushman, àse voir possesseur de cette arme magnifique.Les deux chasseurs s entendaient bien.Tout en étant unsavant distingué, sir John Murray passait pour l un des plusbrillants « hunter-fox » de la vieille Calédonie.Il écoutait avecintérêt, avec envie les récits du bushman
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