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.Il a dit que vous pouvez rester et travailler à la ferme jusqu’à ce que l’armée ait encore besoin de vous, mais ça ne se produira jamais et, si ça devait arriver, je vous cacherais.On ne les laissera jamais vous emmener, pas vrai, Grand-Papa ? Jamais, jamais.Ainsi, après les longs adieux mélancoliques, le convoi s’éloigna sur la route dans un nuage dépoussiéré et nous demeurâmes seuls, en paix, avec Émilie et son grand-père.Une paix qui se révéla délicieuse, mais de courte durée.À mon grand plaisir, je me retrouvai cheval de ferme.Topthorn attelé à côté de moi, nous nous mîmes au travail dès le lendemain.Faucher, faner.Quand Émilie protesta, après cette première longue journée aux champs, que son grand-père nous faisait travailler trop dur, il lui posa les mains sur les épaules et dit :— Tu dis des sottises, Émilie.Ça leur plaît de travailler.Ils ont besoin de travailler.En plus, notre unique moyen de continuer à vivre, Émilie, est de continuer comme avant.Les soldats sont partis à présent et, si on fait semblant très fort, peut-être que la guerre disparaîtra complètement.On est forcés de vivre comme on a toujours vécu : faire les foins, ramasser nos pommes, travailler la terre.On ne peut pas vivre comme s’il ne devait pas y avoir de lendemain.On peut vivre seulement si on mange, et c’est de la terre que vient notre nourriture.Il faut travailler la terre si nous voulons vivre et, ces deux-là, il faut qu’ils travaillent avec nous.Ils n’ont rien contre ; le travail, ça leur plaît.Regarde-les, Émilie, est-ce qu’ils ont l’air malheureux ?Pour Topthorn, passer d’une charrette-ambulance à tirer à une faneuse, ce ne fut pas une transition difficile et il s’adapta sans peine ; quant à moi, ce fut un rêve que j’avais fait maintes fois depuis que j’avais quitté ma ferme du Devon.De nouveau, je travaillais avec des gens heureux et rieurs qui m’aimaient bien.Pendant la récolte, nous en mîmes un coup tous les deux pour tirer les lourds chariots de foin jusqu’aux granges où Émilie et son grand-père déchargeaient.Émilie continuait à veiller sur nous avec amour : chaque égratignure, chaque meurtrissure était soignée immédiatement et le grand-père avait beau discuter, elle ne lui permettait jamais de nous faire travailler trop longtemps.Cependant, le retour à une vie paisible de cheval de ferme n’était pas susceptible de durer longtemps.Pas en pleine guerre.Presque tout le foin était rentré quand, un soir, les soldats revinrent.Nous étions à l’écurie, lorsque nous entendîmes s’approcher un martèlement de sabots et un fracas de roues sur les pavés : la colonne entrait au trot dans la cour.Les chevaux étaient accouplés par six à de grosses pièces d’artillerie.Arrêtés à présent, l’effort les laissait soufflants et haletants sous le harnais.Chaque paire était montée par des hommes au visage dur et sévère sous la casquette grise.J’observai aussitôt que ce n’étaient plus là les aimables infirmiers qui nous avaient quittés tout juste quelques semaines plus tôt, mais des visages étranges et brutaux.Dans leurs yeux, une inquiétude, une fièvre inconnues.Peu d’entre eux semblaient rire ou simplement sourire.Ces hommes n’étaient point de la race de ceux que nous avions vus avant eux.Seul un soldat âgé, qui conduisait le caisson à munitions, s’approcha pour nous caresser et parler gentiment à la petite Émilie.Après de brefs pourparlers avec le grand-père, la colonne d’artillerie bivouaqua pour la nuit dans notre prairie et abreuva les chevaux à notre mare.L’arrivée de ces nouveaux chevaux nous excitait, Topthorn et moi, et nous passâmes toute la soirée la tête par-dessus la porte de l’écurie, les appelant de nos hennissements ; mais la plupart d’entre eux avaient l’air trop fatigués pour nous répondre.Ce même soir, Émilie vint nous parler des soldats et nous vîmes qu’elle était inquiète, car elle ne parlait qu’à voix basse.— Ça ne plaît pas à Grand-Papa de les voir ici.Il n’a pas confiance dans l’officier.Il dit qu’il a des yeux de guêpe et on ne peut pas se fier à une guêpe.Mais ils seront partis demain matin et, après ça, on sera à nouveau tranquilles.Le lendemain matin de bonne heure, au moment où les ténèbres abandonnaient le ciel, un visiteur s’en vint à l’écurie.Un homme pâle et maigre, à l’uniforme poussiéreux, qui nous inspecta attentivement par-dessus la porte.Il avait les yeux à fleur de tête et perpétuellement fixes, ainsi que des lunettes cerclées de métal, à travers lesquelles il nous regardait intensément tout en hochant la tête.Il resta ainsi quelques minutes, puis s’en alla.Quand il fit grand jour, la colonne d’artillerie était rassemblée dans la cour, prête à se mettre en marche.Il y eut des coups violents frappés avec insistance à la porte de la maison, et nous vîmes apparaître dans la cour Émilie et son grand-père : ils étaient encore en chemise de nuit.— Vos chevaux, Monsieur, déclara sans ambages l’officier à lunettes, je vais emmener vos chevaux avec nous.J’ai un attelage qui n’a que quatre chevaux ; il m’en faut deux autres.Les vôtres paraissent être deux belles bêtes solides qui se débrouilleront vite.Nous les emmenons avec nous.— Mais moi, comment est-ce que je peux faire marcher la ferme sans mes chevaux ? demanda le grand-père d’Émilie [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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