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.Ce fut envain.Mais je repoussai fermement sa demande, ne voulant pas l'assister contre un autre ami, et espérant quemon abstention empêcherait peut-être la rencontre projetée.Il me serra la main et me dit:«Oui, c'est vrai, je comprends; tu es notre ami à tous les deux.Reste donc en dehors de notre querelle.»Je courus chez Marius.«Viens! m'écriai-je.Viens au diable avec moi! Je ne veux pas que vous vous battiez.»Marius fut de glace.«Elle l'a aimé; maintenant c'est moi qu'elle aime.Pourquoi ne me la laisse-t-il pas? Chacun son tour.C'est luiqui veut se battre.Eh! bien, je ne puis reculer; ce serait une lâcheté.»Le duel eut lieu.Attaqué avec furie, Marius se défendit sans trop savoir comment, car son adversaire et luiignoraient l'escrime; et de ces deux maladroits, l'un tomba pour ne plus se relever: Jean.IVJe ne revis pas Marius.Je sus qu'il vivait avec Jeanne.Je lui en voulais profondément, quand je pensais aufuneste duel.Environ un an plus tard, un matin, en me promenant, je lisais le journal.Je suis peu curieux des gazettesquotidiennes; mais la crise politique était alors si aiguë, que j'avais voulu en apprendre ou en deviner ledénouement.J'allais replier la feuille, après l'avoir parcourue, quand le nom de Marius frappa mes yeux.Jepressentis un second malheur.Voilà ce que je lus:«Marius M.étudiant en médecine, vivait avec une jeune femme, Jeanne Vady, depuis plusieurs mois.Dimanche, vers onze heures du soir, ils rentrèrent.Une discussion s'éleva entre eux.Les voisins entendirentdes invectives et le piétinement d'une lutte.On était habitué à ces querelles d'amoureux.On n'y prit pas garde.Marius sortit à minuit.Pendant trois jours la chambre resta muette.Une odeur nauséabonde s'en dégageait.Marius ne revenait pas.On força la serrure.La jeune femme gisait à terre, morte.Elle avait reçu deux coupsde couteau dans le coeur.On a retrouvé Marius hier matin, pendu à un arbre du bois de Boulogne.Il avait écritces mots sur un bout de papier: «Je me tue, je l'ai tuée.Jean, pardon!» On suppose que la dispute, qui aoccasionné cette catastrophe, s'est produite au sujet de Jean R., ancien amant de la jeune femme et ancienami du jeune homme.Ce dernier l'avait blessé mortellement en duel, après lui avoir enlevé sa maîtresse.Lepère de Marius M.est un honorable magistrat du Midi.Marius était son fils unique.»Je fus stupéfié.Il me semblait avoir devant les yeux la scène fatale.L'évocation du mort, la dispute, lemauvais coup, la fuite du meurtrier, la course dans l'ombre, le suicide, toutes ces visions atroces sesuccédaient dans mon esprit.Je suivais d'un pas saccadé, comme emporté par un vertige, cette même rue où,naguère, je les avais rencontrés tous les trois, si bouffonnement allègres.Je heurtai quelqu'un dans cette course aveugle.La Vieille au Chien noir 41A quoi tient l'amour?Je m'arrêtai, honteux; j'ôtai mon chapeau, je demandai pardon.Mais quoi! c'était la vieille femme au perroquetet au petit chien noir.C'était elle que je venais de heurter.Elle marchait toujours du même pas, portant lemême volatile sur le même doigt.Elle était toujours vêtue du même jupon fantastique et du même fichuverdâtre, frangé par le temps et la misère.Elle traînait toujours son pauvre petit quadrupède efflanqué, avec lamême ficelle.Je crus que c'était une hallucination.Je reculai d'un pas.La vieille me regarda fixement dans les yeux, avec jene sais quelle expression diabolique, puis continua sa promenade, clopin-clopant.Je restai cloué au sol.«Cette vieille femme est fée, m'écriai-je; elle s'est vengée, elle les a perdus.»C'était absurde; et pourtant, vous me direz ce que vous voudrez, je suis encore convaincu que cette vieillefemme est fée.Quand je l'aperçois de loin, je l'évite.Dernièrement, son chien noir est mort; du moins, je le suppose, car elle ne le traîne plus.Il lui reste sonperroquet.Je crois que cette bête est fée aussi.Mais non, non, c'est moi qui suis fou.Mon pauvre cerveaud'astronome est si facilement détraqué par les choses de la terre!La DésespéréeIJacquelin avait vingt-quatre ans; il voulait être attaché d'ambassade, et il se trouvait à Londres pour apprendrel'anglais.Sous les pluies interminables qui, là-bas, pendant les jours ternes, tombent lentement, longuement, tristement,du ciel couleur de plomb, il attendait, en lisant Shakespeare ou Dickens, en écoutant le babil des enfants roses,l'épanouissement tardif d'un pâle rayon d'après-midi
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