[ Pobierz całość w formacie PDF ]
.Dans une vingtaine de jours, Ramsès abdiquerait en faveur de Bel-Tran.Le vizir caressait son chien, nanti d’un os qu’il avait mastiqué, enfoui, puis extirpé de sa cachette ; Brave ressentait, lui aussi, les effets de cette période lourde de peurs et d’incertitudes.Pazair se préoccupait de l’avenir de ses fidèles compagnons ; qui prendrait soin du chien et de l’âne lorsqu’il serait arrêté et déporté ? Vent du Nord, habitué à sa paisible retraite, serait renvoyé sur les sentiers poussiéreux où il porterait de lourdes charges.Complices depuis si longtemps, ses deux compagnons mourraient de chagrin.Pazair serra son épouse contre lui.— Tu dois partir, Néféret, quitter l’Égypte avant qu’il ne soit trop tard.— Me proposerais-tu de t’abandonner ?— Le coeur de Bel-Tran est desséché ; la cupidité et l’ambition ont remplacé tout sentiment.Plus rien ne saurait l’émouvoir.— En doutais-tu ?— J’espérais que la voix des pyramides éveillerait en lui une conscience oubliée.Je n ai réussi qu’ à aviver sa soif de pouvoir.Sauve ta vie, sauve celle de Brave et de Vent du Nord.— En tant que vizir, admettrais-tu que le médecin-chef du royaume désertât son poste au moment où une maladie grave s’abat sur le pays ? Quel que soit le terme de l’aventure, nous le vivrons ensemble.Interroge Brave et Vent du Nord ; ni l’un ni l’autre ne consentiront à s’éloigner.Main dans la main, Pazair et Néféret contemplèrent le jardin où s’ébattait Coquine, le petit singe vert, sans cesse en quête de friandises.Si proches du cataclysme, ils goûtèrent la paix parfumée de ce lieu à l’abri du tumulte ; le matin, ils s’étaient baignés dans le bassin de plaisance, avant de se promener sous les ombrages.— Les hôtes du vizir arrivent.Kem et Tueur saluèrent le gardien, cheminèrent dans l’allée bordée de tamaris, se recueillirent devant la chapelle des ancêtres, se lavèrent les mains et les pieds sur le seuil de la demeure, traversèrent la loggia et prirent place dans la salle à quatre piliers où siégeaient le vizir et son épouse.Au chef de la police et à son lieutenant succédèrent la reine mère Touya, l’ancien vizir Bagey, le grand prêtre de Karnak, Kani, et Souti.— Avec l’autorisation du roi, déclara Pazair, je puis vous révéler que la grande pyramide de Khéops, où seul Pharaon est autorisé à pénétrer, a été violée par Bel-Tran, son épouse et trois complices, le transporteur Dénès, le dentiste Kadash et le chimiste Chéchi.Ces trois derniers sont morts, mais le but des comploteurs fut atteint : ils profanèrent le sarcophage, volèrent le masque d’or, le grand collier, le scarabée de coeur, les amulettes de lapis-lazuli, l’herminette en fer céleste et la coudée en or.Certains de ces trésors ont été retrouvés, mais il nous manque l’essentiel : le testament des dieux, contenu dans l’étui en cuir que le roi doit tenir dans la main droite pendant sa fête de régénération, avant de le montrer au peuple et aux prêtres.Ce document, transmis de Pharaon en Pharaon, légitime son règne.Qui aurait pu imaginer qu’une telle profanation et qu’un tel vol fussent commis ? Mon maître Branir fut assassiné parce qu’il gênait les séditieux.Kem et Tueur ont mis fin aux agissements criminels du momificateur Djoui, devenu avaleur d’ombres à la solde de Bel-Tran.Bien minces résultats, puisque nous n’avons pas identifié l’assassin de Branir et fûmes incapables de rapporter au roi le testament des dieux.Le jour de l’an nouveau, Ramsès sera contraint d’abdiquer et d’offrir le trône à Bel-Tran.Ce dernier fermera les temples, introduira la circulation de la monnaie et adoptera l’unique loi du profit.Un long et pesant silence succéda aux explications du vizir.Les membres de son conseil secret étaient atterrés ; comme le redoutaient d’anciennes prédictions, le ciel leur tombait sur la tête{25}.Souti fut le premier à réagir.— Ce document, si précieux soit-il, ne suffira pas à faire de Bel-Tran un pharaon respecté et capable de régner.— C’est pourquoi il a pris le temps nécessaire pour gangrener l’administration et l’économie du pays, et créer un réseau d’alliances efficaces.— N’as-tu pas tenté de le démanteler ?— Les têtes du monstre repoussent dès qu’on les coupe.— Vous êtes trop pessimiste, estima Bagey ; nombre de fonctionnaires n’accepteront pas les directives d’un Bel-Tran.— L’administration égyptienne a le sens de la hiérarchie, objecta Pazair ; elle obéira au pharaon.— Organisons la résistance, proposa Souti.À nous tous, nous contrôlons un certain nombre de secteurs.Que le vizir coordonne les forces dont il dispose.Kani, le grand prêtre de Karnak, demanda la parole.L’ex-jardinier, au visage ridé, se prononça sans détour.— Les temples n’accepteront pas les bouleversements économiques que veut imposer Bel-Tran, car ils conduiraient notre pays à la misère et à la guerre civile.Pharaon est le serviteur du temple en esprit ; s’il trahissait ce devoir premier, il ne serait qu’un chef politique à qui l’on ne devrait plus obéissance.— En ce cas, confirma Bagey, la hiérarchie administrative sera délivrée de ses engagements ; elle a prêté serment de fidélité au médiateur entre le ciel et la terre, non à un despote.— Le service de santé cessera de fonctionner, précisa Néféret ; étant relié aux temples, il refusera le nouveau pouvoir.— Avec des êtres tels que vous, dit la reine mère Touya d’une voix émue, la partie n’est pas encore perdue.Sachez que la cour est hostile à Bel-Tran et qu’elle n’acceptera jamais en son sein la dame Silkis, dont les turpitudes lui sont connues.— Magnifique ! s’exclama Souti ; êtes-vous parvenue à introduire la discorde dans ce couple de criminels ?— Je l’ignore, mais cette femme-enfant, cruelle et perverse, a la tête fragile.Si je vois juste, Bel-Tran l’abandonnera, ou bien elle le trahira.Lorsqu’elle est venue à Pi-Ramsès s’assurer de ma future complicité, elle semblait certaine de son succès ; lors de son départ, son cerveau avait fait naufrage.Une question, vizir Pazair : pourquoi tous les « amis uniques » du roi ne sont-ils pas ici ?— Parce que ni Ramsès ni moi-même n’avons identifié les complices, plus ou moins passifs, de Bel-Tran.Si le roi a décidé d’occulter la vérité, c’est pour continuer la lutte aussi longtemps que possible sans mettre l’adversaire au courant de nos initiatives.— Vous lui avez porté des coups sévères.— Aucun n’a été décisif, hélas ! La résistance elle-même ne sera pas facile, car Bel-Tran a infiltré l’armée et les transports.— La police vous est acquise, affirma Kem ; et le prestige de Souti est si grand, aux yeux de « ceux à la vue perçante », qu’il les mobilisera sans difficulté.— Ramsès ne contrôle-t-il pas les troupes casernées à Pi-Ramsès ? interrogea Souti.— C’est la raison de sa présence là-bas.— Le corps d’armée résidant à Thèbes écoutera ma voix, estima Kani.— Nomme-moi général à Memphis, exigea Souti ; je saurai parler aux soldats.La proposition recueillit l’unanimité du conseil secret.— Reste le transport maritime sur lequel la Double Maison-Blanche a la haute main, rappela Pazair ; et je ne parle pas des services de l’irrigation et des préposés aux canaux que Bel-Tran tente de corrompre depuis plusieurs mois.Quant aux chefs de province, certains se sont détachés de lui, mais d’autres croient encore à ses promesses [ Pobierz całość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • igraszki.htw.pl