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.Fabrice crut qu'il suffoquerait de joie; il sentait des mouvements si extraordinaires, qu'il se dit : "Peut-être jevais mourir! Quelle façon charmante de finir cette vie si triste! Peut-être je vais sombrer dans cette loge; lesfidèles réunis à la Visitation ne me verront point arriver et demain, ils apprendront que leur futur archevêques'est oublié dans une loge de l'Opéra, et encore, déguisé en domestique et couvert d'une livrée! Adieu toute maréputation! Et que me fait ma réputation!"Toutefois, vers les huit heures trois quarts Fabrice fit effort sur lui-même; il quitta sa loge des quatrièmes eteut toutes les peines du monde à gagner, à pied, le lieu où il devait quitter son habit de demi-livrée et prendreun vêtement plus convenable.Ce ne fut que vers les neuf heures qu'il arrive à la Visitation, dans un état depâleur et de faiblesse tel que le bruit se répandit dans l'église que M.le coadjuteur ne pourrait pas prêcher cesoir-là.On peut juger des soins que lui prodiguèrent les religieuses, à la grille de leur parloir intérieur où ils'était réfugié.Ces dames parlaient beaucoup; Fabrice demanda à être seul quelques instants, puis il courut àsa chaire.Un de ses aides de camp lui avait annoncé, vers les trots heures, que l'église de la Visitation étaitCHAPITRE XXVII 258 La Chartreuse de Parmeentièrement remplie, mais de gens appartenant à la dernière classe et attirés apparemment par le spectacle del'illumination.En entrant en chaire, Fabrice fut agréablement surpris de trouver toutes les chaises occupées parles jeunes gens à la mode et par les personnages de la plus haute distinction.Quelques phrases d'excuse commencèrent son sermon et furent reçues avec des cris comprimes d'admiration.Ensuite vint la description passionnée du malheureux dont il faut avoir pitié pour honorer dignement laMadone de Pitié, qui, elle-même, a tant souffert sur la terre.L'orateur était fort ému; il y avait des momentsoù il pouvait à peine prononcer les mots de façon à être entendu dans toutes les parties de cette petite église.Aux yeux de toutes les femmes et de bon nombre des hommes, il avait l'air lui-même du malheureux dont ilfallait prendre pitié, tant sa pâleur était extrême.Quelques minutes après les phrases d'excuses par lesquelles ilavait commencé son discours, on s'aperçut qu'il était hors de son assiette ordinaire: on le trouvait ce soir-làd'une tristesse plus profonde et plus tendre que de coutume.Une fois on lui vit les larmes aux yeux: à l'instantil s'éleva dans l'auditoire un sanglot général et si bruyant, que le sermon en fut tout à fait interrompu.Cette première interruption fut suivie de dix autres; on poussait des cris d'admiration, il y avait des éclats delarmes; on entendait à chaque instant des cris tels que: Ah! sainte Madone! Ah! grand Dieu! L'émotion était sigénérale et si invincible dans ce public d'élite, que personne n'avait honte de pousser des cris, et les gens qui yétaient entraînés ne semblaient point ridicules à leurs voisins.Au repos qu'il est d'usage de prendre au milieu du sermon, on dit à Fabrice qu'il n'était resté absolumentpersonne au spectacle; une seule dame se voyait encore dans sa loge, la marquise Crescenzi.Pendant cemoment de repos on entendit tout à coup beaucoup de bruit dans la salle: c'étaient les fidèles qui votaient unestatue à M.le coadjuteur.Son succès dans la seconde partie du discours fut tellement fou et mondain, les élansde contribution chrétienne furent tellement remplacés par des cris d'admiration tout à fait profanes, qu'il crutdevoir adresser, en quittant la chaire, une sorte de réprimande aux auditeurs.Sur quoi tous sortirent à la foisavec un mouvement qui avait quelque chose de singulier et de compassé; et, en arrivant à la rue, tous semettaient à applaudir avec fureur et à crier:E viva del Dongo!Fabrice consulta sa montre avec précipitation et courut à une petite fenêtre grillée qui éclairait l'étroit passagede l'orgue à l'intérieur du couvent.Par politesse envers la foule incroyable et insolite qui remplissait la rue, lesuisse du palais Crescenzi avait placé une douzaine de torches dans ces mains de fer que l'on voit sortir desmurs de face des palais bâtis au Moyen Age.Après quelques minutes, et longtemps avant que les cris eussentcessé, l'événement que Fabrice attendait avec tant d'anxiété arriva, la voiture de la marquise, revenant duspectacle, parut dans la rue; le cocher fut obligé de s'arrêter, et ce ne fut qu'au plus petit pas, et à force de cris,que la voiture put gagner la porte.La marquise avait été touchée de la musique sublime comme le sont les cours malheureux, mais bien plusencore de la solitude parfaite du spectacle lorsqu'elle en apprit la cause.Au milieu du second acte, et le ténoradmirable étant en scène, les gens même du parterre avaient tout à coup déserté leurs places pour aller tenterfortune et essayer de pénétrer dans l'église de la Visitation.La marquise, se voyant arrêtée par la foule devantsa porte, fondit en larmes."Je n'avais pas fait un mauvais choix!"se dit-elle.Mais précisément à cause de ce moment d'attendrissement elle résista avec fermeté aux instances du marquiset de tous les amis de la maison, qui ne concevaient pas qu'elle n'allât point voir un prédicateur aussiétonnant."Enfin, disait-on, il l'emporte même sur le meilleur ténor de l'Italie!""Si je le vois, je suis perdue!"sedisait la marquise.Ce fut en vain que Fabrice, dont le talent semblait plus brillant chaque jour, prêcha encore plusieurs fois danscette petite église, voisine du palais Crescenzi, jamais il n'aperçut Clélia, qui même à la fin prit de l'humeur deCHAPITRE XXVII 259 La Chartreuse de Parmecette affectation à venir troubler sa rue solitaire, après l'avoir déjà chassée de son jardin.En parcourant les figures de femmes qui l'écoutaient, Fabrice remarquait depuis assez longtemps une petitefigure brune fort jolie, et dont les veux jetaient des flammes [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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